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Gun Men of the West

Scénariste

Tiburce Oger

Déssinateur

Bertail, Dumontheuil et compagnie

Coloriste

Jack Manini, Isabelle Merlet et compagnie

Edition

Bamboo

Date de sortie

15 novembre 2023

couverture gun men bamboo 2023
gun men bamboo 8

C’est une belle brochette de salopards qui trouveront une place d’honneur en enfer. Le bruit court que Satan lui-même, peu économe des pires noirceurs, en jalouserait certains. Tiburce Oger nous invite à une nouvelle balade sans retour dans un monde où l’âme se teinte des couleurs les plus sombres, au cœur d’une nuit sans tain. C’est la litanie sans fin de ce que l’homme peut produire de pire. Elle nous est racontée par un jeune garçon et un armurier gardien d’un temple quand la mort fait son marché de choix. Il était une fois n’est pas de mise pour ces soupirs d’existences faisant leur chemin dans la fange, au plus profond des morts purulents abandonnés à l’oubli.

Mes premiers sont deux frangins de la pire espèce. Leurs proies sont une femme et un bébé, enfin ce qu’il en reste. C’est la vengeance sourde du mari qui n’apaisera aucune âme. 

Mon deuxième est un sympathique dandy qui n’accepte plus le joug et se rebelle. La légende dit qu’il inspira un justicier masqué, signant d’un Z. 

Mon troisième est un type qui ne veut pas mourir avant d’avoir fait justice.

Mon quatrième est un géant affamé devenu une goule, exposé aux yeux d’une foule assoiffée de sensations fortes. Est-ce un mauvais tour du diable, l’insouciance de Dieu ayant trop à faire pour sauver l’innocence ? 

Mes cinquièmes sont une femme de petite vertu qu’il ne faut pas énerver, sa meilleure gagneuse et un clandé au bout de la piste.

Mon sixième est un Apache, il faut bien quelques Indiens pour faire bonne mesure.

Mes septièmes, ils manquaient, un train et des pilleurs dans cette galerie et un type toujours debout.

Mes huitièmes sont un pénitencier et son gardien zélé, une Afro-Américaine au soir d’une guerre. Liberté j’écris ton nom, Black Evil !

Mon neuvième est un jeune doué pour la gâchette. Chaque jour sa liste de cercueils s’allonge et les croquemorts chantent.

Mon dixième, c’est tout un cirque ! La connerie humaine et un pachyderme qui n’a pas eu de chance.

Mon dernier est une arme comme toutes celles de ces histoires et un Kid célèbre.

Il fallait bien clore cette galerie d’anonymes, mais par une célébrité, vous ne trouvez pas ?

Après Go west young man, une montre à gousset passe de main en main, Indians ! L’ombre noire de l’homme blanc, Tiburce Oger continue son inventaire à la Prévert de l’Ouest sauvage. C’est une galerie d’histoires plongeant sa plume dans le sang d’un monde sans foi ni loi, sans pitié ni pardon. Tous ces récits sont vrais, le scénariste les exhume des dossiers d’un monde que le western nous montrait beaucoup plus mythique. La collection devrait se poursuivre, il reste encore de nombreuses pistes à explorer, les trappeurs, les soldats, les femmes, qui ne sont pas en reste. On aime la galerie de dessinateurs et coloristes s’appropriant à chaque fois le récit dans une palette de styles divers. On pense à une autre série, Axolot de Patrick Baud qui, elle, s’intéresse aux bizarreries de notre époque. L’exercice n’est pas si simple. C’est à chaque fois un condensé et certains récits mériteraient des albums plus conséquents. C’est aussi un voyage à travers l’Ouest américain, de ses débuts jusqu’à son entrée dans le XXe siècle. On est loin du cinéma qui racontait la légende, plus belle à écrire que la vérité. Aujourd’hui, les films se penchent plus, comme Tiburce Oger, sur le berceau de la réalité qui dépasse toujours la fiction. On espère que l’exercice continuera encore longtemps, pour notre plus grand plaisir d’adulte retrouvant son enfance.

Patrick Van Langhenhoven