Scénariste
Jean David Morvan
Déssinateur
Francesco Biagini
Coloriste
Hiroyuki Oshima
Edition
Glénat
Date de sortie
11 octobre 2023
Tout commence par une longue lettre d’un dénommé John Carter, ancien confédéré chercheur d’or. Pour échapper à une horde d’Indiens sauvages, il se réfugie au cœur d’une grotte mystérieuse. C’est ainsi que John Carter passe dans d’étranges fumées qui l’expédient, non pas ad patres, mais ailleurs… Il se réveille perdu dans les sables rouges d’un monde lointain que nous regardons parfois à la nuit tombée, depuis notre petite planète bleue. John Carter vient d’atterrir sur Mars. Il doit d’abord composer avec l’apesanteur qui décuple ses forces. D’un bond, il peut parcourir plusieurs mètres, ce qui par la suite s’avèrera bien pratique. Ce ne sont plus des Indiens mais des Martiens verts qui le poursuivent. John Carter se retrouve dans une position peu confortable face à ces créatures sauvages aux bras multiples. Prisonnier dans leur camp, il fait la connaissance d’une bien belle jeune fille, Dejah Thoris. Ce n’est que le début d’une grande aventure qui les attend, mais pour l’instant, il devient primordial de sortir des griffes des Martiens verts !
« Vous semblez confondre humanité et faiblesse ».
Pendant qu’en France, en 1875, on adopte la IIIe République, ailleurs nait un jeune homme qui révolutionnera les pulps. C’est Edgar Rice Burroughs, devenu fabricant de taille-crayons, après avoir échoué à l’Académie militaire de West Point, et un passage au 7e de cavalerie du fameux George Custer. Quand on lui demande pourquoi il écrit, il répond : « J’avais une femme et deux bébés, ce qui est difficilement gérable quand on n’a pas d’argent. » Il pensait faire beaucoup mieux que les innombrables auteurs de l’époque. Il trouve la consécration avec Tarzan, personnage incontournable encore aujourd’hui. Pourtant, le premier des récits qu’il propose à la vente est le cycle de John Carter, Les conquérants de Mars. C’est bien lui qui ouvre un autre genre de la littérature, la science-fiction dont de nombreux auteurs et réalisateurs comme James Cameron se recommandent. Déjà dans ce premier récit se retrouve tout l’univers qu’il ne cessera de déployer dans ses romans. Jean-David Morvan, auteur de Sillage et d’une adaptation du Cycle de Tschaï de Jack Vance, saisit l’essentiel du récit pour nous emporter dans une aventure martienne. Il s’efface derrière l’auteur tout en apposant malgré tout sa patte particulière.
La tâche semble facile au vu de la trame assez simple. Le héros parfait part sauver sa belle, enlevée par des méchants. L’histoire commence souvent par un récit raconté par un autre narrateur. Nous ne sommes pas dans un roman de Walter Scott, ni Conan Doyle, à l’écriture soignée. Nous sommes bien dans l’aventure rapide, efficace, exotique, chargée des idées de l’époque. Derrière l’œuvre se cache bien plus que ce simple regard réducteur. Edgar Rice Burroughs est sans doute le chainon manquant de la littérature de science-fiction entre Histoire comique des États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac et les œuvres d’Asimov et bien d’autres. Le dessinateur, Francesco Biagini, n’hésite pas à éclater les cases, quitter le format classique pour des pages splendides, imprégnées parfois des codes des pulps. Le lecteur se retrouve complètement dépaysé comme dans les romans. A la fin de l’ouvrage, il trouvera un dossier complet du spécialiste des pulps, Patrice Louinet, sur l’œuvre d’ Edgar Rice Burroughs que cette collection permet, comme pour Conan Doyle, de découvrir ou redécouvrir.
Patrick Van Langhenhoven