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L’homme qui inventait le monde

Scénariste

Rodolphe

Déssinateur

Marchal

Coloriste

Sébastien Bouët

Edition

Dargaud

Date de sortie

avril 2021

chronique couverture l'homme qui inventait le monde
chronique couverture l'homme qui inventait le monde 3

Dans ce futur, le monde est en passe de perdre la guerre contre des êtres venus d’ailleurs. Non loin de Dakar, les hommes ont construit une île artificielle, DAK3. C’est ici que les officiers comme le capitaine Bowman viennent se reposer entre deux missions. Ce soldat d’élite est encore sous le choc de sa dernière mission dont il est le seul survivant. Des cauchemars récurrents hantent ses nuits, d’étranges phénomènes semblent liés à sa présence. Il sympathise avec la nouvelle arrivante, Charlène Barrymore, de retour du front. Peu à peu, il lui soumet son impression, preuve à l’appui, d’une surveillance accrue. Entre la jeune femme et le Capitaine revenu du fin fond de l’espace s’installe une relation avec plus. C’est sans trop de mal que Bowman entraine Charlène dans une escapade sans retour. Elle ignore qu’il cache un étrange pouvoir qui pourrait bien remettre le sort de cette guerre en jeu. Il n’est pas certain qu’au-dessus d’eux les pontes les laissent filer comme un petit couple d’amoureux à Venise.

Je me demande si Rodolphe n’est pas venu d’une autre dimension. Il nous régale une fois de plus d’une histoire manipulée par le temps et l’espace. Les univers parallèles, la roue du temps jouant de la pendule, rien n’est jamais comme on l’imagine. Une simple amourette sur une île paradisiaque perdue prend rapidement des allures de complot plus complexe. C’est le cas de ce récit complet. Il nous entraine très vite au cœur des trous noirs, de l’antimatière, d’une réflexion sur la guerre et les super pouvoirs. Cette fois, ce n’est pas le temps que manipule notre magicien mais l’espace et les trous noirs. Ces univers sont calqués sur les dernières découvertes des sciences pour donner plus de réalité à son histoire. Frappé d’obusite, un aspect particulier du trouble de stress post-traumatique, Bowman doute.

C’est avec cette question toute simple, est-ce que je suis encore moi, que joue Rodolphe. Il explore les méandres et effets collatéraux du traumatisme. Le lecteur, comme Charlène, s’interroge sur ce que lui réserve le Capitaine. Plus il avance et plus ses certitudes basculent dans le pays du doute. Rodolphe nous réserve toujours une carte sortie de sa manche, loin des stéréotypes que l’on pense trouver en bout de piste. Une fois de plus, c’est brillant et cela apporte une pierre supplémentaire à son interrogation sur les autres mondes et le temps. Il est servi par l’ombre et la lumière des couleurs de Sébastien Bouët à l’image de l’esprit de Bowman. Marchal compose une palette graphique remarquable, des premières pages au cœur des galaxies à l’intimité des amoureux. Il soigne son univers avec des vaisseaux surgis du cosmos, échoués sur une plage et des villes futuristes. Il porte la même marque que les récits de Rodolphe, ce quotidien qui tout à coup bascule vers l’ailleurs.

Patrick Van Langhenhoven