Scénariste
Simon Hureau
Déssinateur
Simon Hureau
Coloriste
Simon Hureau
Edition
Dargaud
Date de sortie
20 mai 2022
C’est en feuilletant un livre d’anciens métiers à Marseille que Max décide de tout quitter pour la terre des grands froids. C’est au Groenland, à Tineteqilaaq qu’il trouve sa vocation, chasseur du grand Nord parmi les Inuits. Tout le monde pense que ce n’est qu’une passade et que le fada reviendra vite retrouver sa place au soleil. A dix-huit ans, l’important c’est de vivre son rêve. C’est donc le cœur allègre qu’il débarque au bout du monde, prêt à conquérir les terres gelées. La route est longue et les obstacles nombreux pour accomplir sa quête. C’est un autre monde, bien différent des livres, que rencontre notre aventurier. Il devra s’intégrer dans une population elle-même en mutation. Max commence un long apprentissage en compagnie des Anciens. Il surmonte bien des tempêtes mettant sa vie en péril. Le rêve porte notre jeune homme qui grandit et trouve sa place au sein du peuple Inuit. Il devient même policier, professeur, se marie, divorce, une vie bien remplie et qui n’est pas finie. Max encourage ses élèves à revenir à l’ancienne tradition : on construit un traineau, un kayak et on affronte le monde riche du savoir des Anciens.
C’est cette histoire que dévoilent le crayon et les pinceaux de Simon Hureau. Après les mondes urbain et végétal avec L’oasis une épopée jardinière au cœur de la biodiversité, il retranscrit avec justesse le courage, la témérité, le sens du devoir et l’appel des grands froids. Humour et rudesse l’emportent dans cette confrontation d’un homme des pays tempérés avec un univers complètement opposé. C’est une plongée dans un univers plein de reliefs et de surprises. Il croque l’immensité des paysages avec ses horizons et le voyageur, chasseur, petit point perdu. Il capte les moments les plus intimes d’une vie pleine de trésors, le cœur bien au chaud. Il raconte une de ces histoires que n’aurait pas reniée Paul Emile Victor, ou Jean Malaurie dont la collection Terre humaine publie de nouveau le fabuleux Rois de Thulés. C’est bien plus qu’un récit exotique que nous aimions lire en rêvant de devenir à notre tour explorateur.
Les fragments de récit sont narrés par une peau d’ours et son crâne, premier exploit de notre chasseur. C’est une route initiatique qui vous apprend la valeur des choses, le poids du monde, la richesse des autres et le savoir des Anciens. On navigue avec Max sur ce ciel de glace filant sur le tsaqqi (kayak) de la vie. Les dessins aux couleurs bleutées de l’hiver laissent éclater le rouge d’une révolution existentielle, le brun de la terre cachée sous le gel, et le blanc de l’ours et des chiens. Les conteurs évoquent le temps passé, bien au chaud dans les maisons de bois. Simon Hureau capture le mouvement de la vie, les chiens qui s’ébrouent, le tsaqqi filant sur l’eau, la tempête, l’amour et le temps qui file dans ce monde blanc, avec humour et poésie. Cette dernière est toujours présente, comme pour exorciser la mort qui plane à la moindre erreur. C’est aussi un monde en mutation que tente de préserver l’esquimau blanc, mais pour combien de temps ? C’est un magnifique récit à découvrir, bien au chaud sous le soleil, allongé dans l’herbe verte, le nez dans l’azur des cieux.
Patrick Van Langhenhoven