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Batman Nocturne T1 Ouverture

Scénariste

Ram V

Déssinateur

Rafael Albuquerque

Coloriste

Dave Steewart

Edition

Urban Comic

Date de sortie

7 juillet 2023

chronique couverture batman nocturne
chronique batman nocturne 2

« Pensez-vous que certains endroits portent des cicatrices qui ne guériront jamais ? »

Gotham n’est plus qu’une cité meurtrie se redressant du chaos. Batman a perdu sa bien-aimée, son manoir sur la colline, Alfred. Bruce Wayne est un homme ordinaire dans une ville qui ne l’est pas. Il continue, sous le masque du justicier chauve-souris, à tenter de faire régner la loi. Au cœur de la ville se dresse son épine, sa hantise, son asile de fous, Arkham, du nom d’une cité perdue de Lovecraft. Il n’est plus qu’une ruine fumante. Le vieux commissaire Jim Gordon erre dans ce vieux temple de la folie. Il est obsédé par une petite mélodie et découvre un jeune garçon oublié. Une nouvelle Arkham se dresse au cœur de la ville. Sur les quais, de nouvelles figures apparaissent pour prendre un héritage ancien remontant aux origines de Gotham. Une première bataille éveille des démons endormis, soulève de nouvelles questions pour Batman. Le chevalier noir est en proie à des cauchemars surgissant du passé pour ronger, interpeller son âme. Talia al Ghul sait que le crépuscule annonce une nuit de terreur sur la ville. D’anciens démons au nom de Gael, Arzen une famille oubliée, les Orgham viennent réclamer leur héritage remontant à l’origine. Quand l’homme de dieu et le commerçant s’allièrent contre la guérisseuse, l’avidité, le pouvoir contre le chant des forêts originelles. Déjà les protagonistes de cette histoire œuvraient sous des noms différents.

« Le monde a été fait pour la chasse » un ancêtre de Double Face.

Il est loin le temps du dessinateur Bob Kane et du scénariste Bill Finger, père de Batman. Il luttait contre le crime sans aucun pouvoir, porté par la mort de ses parents. La figure mythique échappe à ses créateurs pour être reprise de saison en saison, explorant à chaque fois de nouvelles pistes de plus en plus complexes. Les scénaristes et dessinateurs qui se succèdent plongent dans le cœur des personnages, de la ville, d’Arkham empruntée à Lovecraft et ses grands anciens. Ram V à la bonne idée de transformer Gotham en un chant épique, gothique, et celtique avec sa cohorte de monstres que nous connaissons et son âme romantique. Il remonte aux origines de Gotham, hier Gathome, un village perdu qui n’a plus rien à voir avec la tentaculaire New York. Il ancre le récit dans le roman gothique Dracula, Frankenstein, invoquant dans l’ombre vampires et loups-garous pour renouer avec la guérisseuse et le bruissement des arbres. C’est une histoire, avec la folie comme toujours, de plus en plus nihiliste et sombre, crevant les cœurs des héros comme celui de Prométhée.

Au début du récit, la cité n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les héros que nous connaissons, Batman, Gordon, Double Face, sont à terre et peinent à se redresser. Certains abandonnent toute idée de rédemption, d’autres se relèvent et tentent de guérir le mal. Plusieurs histoires s’entremêlent dans un chant épique, antique, à l’image d’une Odyssée. Le temps s’amuse entre présent et passé, nous transportant aux origines, avec les dieux et leurs héros trahis, et une histoire d’amour à la Dracula. Il plonge au cœur des racines de Gathome, demain Gotham. C’est la fin des guérisseuses, de la nature comme remède à la douleur des hommes et le début du pouvoir de la religion et de l’argent, avec le prêtre et le marchand. Ces derniers font écho à notre époque quand l’homme n’est plus qu’un souvenir et le dieu dollars tout ! Dans cette tragédie moderne, les personnages prennent position pour être emportés dans une tempête qui annonce une nouvelle naissance – ou pas. Le dessin vif de Rafael Albuquerque s’inscrit dans des décors de nuit mythiques, des déserts et villages des pionniers dont l’ombre plane sur le récit. Avec la saga Nocturne, Ram V se place parmi les meilleurs scénaristes du Chevalier noir.

Patrick Van Langhenhoven